Robert Rossen : biographie
Réalisateur blacklisté durant la Chasse aux Sorcières de MacCarthy, Robert Rossen est surtout connu pour avoir écrit et tourné "L’Arnaqueur", ainsi que toute une série de polars socialement responsables au cours des années 50. Retour sur une carrière courte, mais marquante et engagée.
Premiers pas
Né le 16 mars 1908 à New York, Robert Rossen commence sa carrière dans le théâtre, en dirigeant des pièces et autres productions engagées au milieu des années 30. En 1935, son script pour la pièce "The Body Beautiful" impressionne le directeur de la Warner, qui le signe aussitôt. Peu de temps après avoir rejoint le Parti Communiste Américain, en 1937, il passe à Hollywood, et enchaîne les films appartenant à la mouvance du film gris, socialement et politiquement engagé : de "Femmes marquées" (1937) à "Flight from Destiny" (1941), autant de métrages commentant les inégalités de la société par le biais d’histoires de gangsters et d’oppression. De quoi attirer les foudres du studio, jusqu’à ce que Rossen s’engage dans un effort de mobilisation des scénaristes hollywoodiens pour participer à l’effort de guerre. Désormais mieux vu par ses supérieurs, Rossen rompt cependant tout lien avec la Warner lorsqu’il participe à la grève de 1945.
Réalisation et liste noire
Rejoignant rapidement la Columbia, Rossen passe alors derrière la caméra, pour réaliser "Johnny O’Clock" (1947), film noir avec Dick Powell. Puis il enchaîne avec "Sang & Or", film de boxe plébiscité par la critique et le public. En 1949, il réalise alors "Les Fous du Roi", adapté du roman de Robert Penn Warren. Un projet qui l’oblige à quitter le Parti Communiste, mais qui, en retour, reçoit de multiples récompenses et nominations aux Oscars. Puis, en 1951, il tourne "La corrida de la peur", un drame sur la tauromachie. Dénoncé par le patron de la Warner, Rossen est alors pris dans la tourmente de la Chasse aux Sorcières du MacCarthysme. Blacklisté par les studios, il se trouve alors au chômage technique pendant deux ans, qu’il met à profit pour écrire "Mambo", qui sort en Italie en 1954. Puis, en 1956, il tourne "Alexandre le Grand", film avec Richard Burton : succès mitigé, qu’il enchaîne avec "Une île au soleil" (1957), "Ceux de Cordura" (1959), et "L’arnaqueur" (1961), ce dernier étant enfin un immense succès critique et populaire.
Fin de carrière
Malade, Rossen conclut alors sa carrière avec "Lilith" (1964), drame mettant en scène Warren Beatty. Épuisé par le tournage, et de constantes tensions avec Beatty, Rossen prend alors sa retraite, et s’éteint à l’âge de 57 ans, le 18 février 1966, laissant derrière lui une femme, trois enfants, et un script inachevé critiquant l’impérialisme américain.